Il faut beaucoup de sang pour huiler les rouages du monde et faire remonter chaque jour le dieu-soleil au firmament. C’est ce qu’explique à Tana l’indien Cinco Yax, préposé à ses injections de morphine. Cette cosmogonie primitive propose ainsi une autre vision de la guerre, qui a plongé le capitaine du Saroya dans un cauchemar permanent.
Le navire, dont les cales sont supposées receler des armes pour la révolution mexicaine, doit affronter les montagnes d’eau de l’Atlantique déchaîné. Pendant ce temps, sur le même océan mais plus au nord, Aubeyre, la belle métisse, profite d’une traversée plus paisible sur le paquebot Maine, relit le livre que Tana lui a adressé et suit son injonction: elle répond par un rire empli d’insouciance et de liberté à l’offense qui lui est faite lors du bal du commandant par un Bostonien trop bon teint.
A travers Aubeyre et le Mexique, les Chroniques Outremers explorent les relations entre deux mondes, Europe et Amérique, que l’Atlantique sépare et relie à la fois. Tome médian de la série, l’album qui raconte sa traversée est dominé par des couleurs tranchées : le gris-bleu plombé des ciels de tempête ou d’orage et le jaune cuivré des torpeurs tropicales. Il s’achève lorsque le Saroya s’engage sur un fleuve pour pénétrer dans le pays où réside le fin mot de l’histoire. Épilogue prévu avant la fin de l’année.
Malo
(voir aussi la chronique du premier tome)