Philip K. Dick… Rien que ce nom évoque déjà de nombreux souvenirs à tous.
Spécialiste de la SF et de l’anticipation, cet auteur aura su faire travailler notre imagination et nous faire réfléchir à l’avenir.
Ses œuvres sont nombreuses et leurs adaptations aussi. Nous pouvons notamment citer quelques films comme Blade Runner, Total Recall, Minority Report ou plus récemment L’Agence qui rappelleront à chacun l’émerveillement ressenti lors de leur sortie. On notera aussi que l’engouement pour ce scénariste de génie est toujours présent. En effet, un remake de Total Recall est prévu pour cet été.
La sortie du 4ème tome de Do Androids Dream of Electric Sheep? aux éditions Emmanuel Proust est pour nous l’occasion d’évoquer une des œuvres majeure de Philip K. Dick au travers de cette magnifique adaptation.
Do Androids Dream of Electric Sheep? est donc l’adaptation réalisée par Tony Parker (pas le basketteur, hein ^^) du roman publié en 1968 et plus connu sous le nom de Blade Runner en France, rapport au film de Ridley Scott sorti en 1982. Cette édition reprend l’intégralité du texte original dans une nouvelle traduction.
Histoire :
La Terre, ravagée par un cataclysme nucléaire, n’est plus qu’une planète stérile. La plupart des espèces animales ont été éradiquées et les humains ont émigré vers Mars. Seuls quelques utopistes ou nostalgiques sont restés. Leurs humeurs sont régies par un orgue leur permettant de supporter leur quotidien. La majorité possède un animal… une imitation électrique… mais la vraie richesse, leur raison de vivre, est d’en posséder un vivant.
C’est dans ce monde que vit Rick Deckard, un chasseur de primes, un chasseur d’androïdes. Ces « andys », dépourvus d’empathie, ont évolué. Une nouvelle puce neuronale, le Nexus-6, est apparue et avec elle un nouveau type d’andy. Quasi-indétectables, même avec le test du Voigt-Kampff, ils ressemblent en tout point aux humains. Afin de protéger l’humanité originelle, Rick est chargé de poursuivre ces andys fugitifs et d’évaluer la menace liée au Nexus-6.
Ce premier tome est dense, très dense. Il est cependant nécessaire à la bonne compréhension du contexte, de la personnalité et de la vie de Rick ainsi que des enjeux de sa quête.
Sa vie monotone, avec Iran, sa femme, lui laisse un goût de frustration dans la bouche. Egoïste, elle fait passer ses envies avant tout, même le bonheur de leur couple. Rick, de son côté, vit très mal les reproches incessants et trouve un peu de réconfort auprès de son mouton électrique. Son rêve, comme beaucoup d’autres de ses congénères : en posséder un vivant.
L’association Rosen vient de lancer sur le marché de nouveaux androïdes équipés du Nexus-6, les rendant plus intelligents et palliant leur manque d’empathie. Dave Holden, chasseur de primes et collègue de Rick, meurt au cours d’une enquête sur ces fameux andys. Harry Bryant, inspecteur de police, confie alors à Rick la suite des investigations.
Première étape, rencontrer Eldon Rosen, responsable de l’association du même nom, afin d’en savoir plus sur le Nexus-6 et tester l’efficacité du Voigt-Kampff.
Pendant ce temps, John Isidore, assistant dans une clinique vétérinaire, part travailler. Il habite un immeuble vétuste et en est le seul habitant. Du moins c’est ce qu’il croyait avant d’entendre une télévision dans l’appartement au dessous du sien. Il décide donc de faire connaissance avec son nouveau voisin, qui s’avère être une charmante voisine : Pris Stratton. Le bref échange entre les protagonistes se termine par la promesse de se revoir le soir-même, pour dîner.
Fort de ses découvertes, Rick se jette à la poursuite du premier nom de la liste de Dave, Polokov. Mais en vain. Ce n’est qu’à l’arrivée d’un membre de la police soviétique, Sandor Kadalyi, venu en tant qu’observateur, que Rick découvre enfin le stratagème Polokov.
Polokov rayé de la liste, il fallait maintenant poursuivre. Rick se rend alors à l’opéra afin d’interroger Luba Luft, célèbre cantatrice internationale, afin de lui administrer le Voigt-Kampff.
Piégé par Luba Luft, Rick se retrouve au Palais de Justice. Ce lieu le déconcerte : tout lui est étranger, personne ne le connaît. Harry Bryant est également inconnu. Interrogé par l’officier Garland, il fait la rencontre de Phil Resch, chasseur de primes comme lui. Ce dernier parti chercher son matériel de détection d’androïdes, Garland en profite pour révéler la nature des employés du bâtiment à Rick, des andys ! Tous venus de Mars dans le même vaisseau ! Resch, inconscient de son état, finit par se débarrasser de son supérieur avant d’embarquer Rick hors des murs du Palais.
Sur ses gardes, Rick conduit Resch à la rencontre de Luba Luft. Le trajet permet aux protagonistes de se révéler l’un à l’autre. Resch craignant d’être un andy, s’interroge et se justifie sans cesse. Ils finissent par retrouver Luba au musée, absorbée par un tableau de l’exposition de Munch. Cette dernière, contrainte de se rendre, ne sortira jamais de cet endroit.
De retour à leur voiture, Resch, obnubilé par les propos de Garland, demande à Rick de lui faire passer le test. Rick commence alors à s’interroger sérieusement sur sa propre existence et celle des androïdes. Ont-il une conscience, une âme, des sentiments ?
Ayant récupéré sa prime pour les trois andys tués, Rick fait un saut dans le quartier des animaux. Hésitant à investir dans une famille de lapins, il se décide finalement pour une chèvre en chair et en os. Iran, ravie de cet achat, tombe les armes et montre enfin de la tendresse à son mari.
De son côté, après une journée chargée d’émotions, Isidore rentre chez lui les bras chargés de nourriture achetée au marché noir pour un dîner avec la mystérieuse voisine. Dans un moment de faiblesse, elle lui raconte son histoire, son arrivée sur Terre avec ses sept compagnons, leur anonymat pour échapper aux chasseurs de primes. Soudain, un bruit derrière la porte, puis une voix… Pris, tétanisée, demande à Isidore d’ouvrir. Roy et Irmgard Baty sont là. Les trois derniers androïdes de la liste de Rick réunis au même endroit…
On ne pourra jamais assez remercier Tony Parker pour cette adaptation, ni les éditions Emmanuel Proust pour cette publication. Le style un peu dépouillé du dessin est grandement aidé par une mise en couleur fantastique et des effets de lumière de haute volée. Blond, coloriste talentueux mais plus connu pour des comics traditionnels, apporte ici une atmosphère sombre mais bien sentie. Le texte original se retrouve alors sublimé et on se plaira à (re)découvrir cette œuvre majeure de la SF. Malgré un premier tome assez déconcertant, on se prend rapidement au jeu à partir du second et on se surprend à attendre la suite avec impatience.
Néness.