A la mort de Philippe II, roi de Macédoine assassiné en 336 av. J-C, son jeune fils Alexandre prend le pouvoir sans sourciller. Il va commencer par s’assurer de l’allégeance des cités grecques tout en prenant soin d’éliminer tout rival potentiel à Pella, capitale de son royaume. Après avoir pacifié les frontières de celui-ci, il reprendra le projet fou de son père en se tournant vers l’Orient et l’immense empire qu’il rêve de conquérir: la Perse de Darius III.
Autour de cette trame historique bien connue, David Chauvel et Michaël Le Galli ont imaginé des intrigues dont ce premier tome nous présente les protagonistes. On fait ainsi connaissance de Pyrrhus et Eurydice, enfants d’un héros de Chéronée, cherchant chacun à leur manière à séduire Alexandre pour recouvrer leur rang et leur fortune confisquée par un opportuniste prêt à tout pour la conserver, Amphion. On découvre également Karanos, fougueux soldat, amoureux fou d’une prostituée, Apamée, qu’il arrache à son bordel en lui promettant rien moins que le trésor caché d’un ancien souverain perse !
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Pour mettre en images un tel récit mêlant grande histoire et fiction, si riche en potentialités dramatiques, il fallait un dessinateur de grand talent. Gildas Java en est un, incontestablement. La précision de son trait s’accommode fort bien du souci constant du détail et rend à merveille les gestes et expressions des nombreux personnages, tandis que le choix des angles de vue et le travail des couleurs produisent des planches réellement spectaculaires (à ce propos, l’image choisie pour illustrer la couverture recto-verso ne trompe pas sur la « marchandise »), les scènes de batailles ou de sacrifices rituels notamment.
Plus de vingt-trois siècles après les faits, l’épopée d’Alexandre continue à faire couler l’encre et à générer moult images. On se souvient du film d’Oliver Stone, et plus récemment du beau roman de Laurent Gaudé, Pour seul cortège. Ce premier tome lance un péplum graphique de haute tenue qui apporte une nouvelle pierre à l’édifice mythique.
Malo.