Le théorème de Karinthy, également appelé « Les six degrés de séparation » ou encore « Théorie des 6 poignées de mains » a été établi par le Hongrois Frigyes Karinthy en 1929. Il évoque la possibilité que toute personne sur terre soit liée à n’importe quelle autre par l’intermédiaire d’une chaîne de relations individuelles comprenant au plus 5 autres maillons. Je vous fais grâce des fascinants développements qui en découlent, par lesquels mathématiciens, sociologues et autres physiciens vinrent mettre leur grain de sel.
Venons-en à notre histoire. Nous sommes à Berlin-Ouest en 1981 et le récit se focalise sur deux hommes.
Otto, policier de RFA, débarque à Berlin, y prend ses marques et commence à mener la même vie qu’un homme qu’il recherche. Il écume les bars, se politise puis se radicalise en étant de toutes les manifestations et émeutes que connait Berlin à cette époque. De fil en aiguille, Otto noue des contacts. Quelques poignées de mains plus tard, il infiltre un groupe d’extrême gauche épris de justice et de révolution, les uns prônant les enseignements de Gandhi quand d’autres préfèrent suivre ceux de Bakounine…
De son côté, Martin, l’homme qu’Otto recherche, revient à Berlin quelques années après une action terroriste qui a mal tourné, pour aider d’anciens camarades extrémistes dans la lutte mais aussi régler des comptes. Ils préparent une action d’éclat qui les remettrait en selle : l’enlèvement du sénateur de l’intérieur, Lummer, responsable de l’évacuation des squats de la ville.
En huit chapitres, les auteurs nous font suivre en parallèle les chemins d’Otto et de Martin qui pourraient bien se croiser. En sera-t-il ainsi ?
Sous forme de polar, Le Théorème de Karinthy nous éclaire sur une époque mouvementée de l’histoire berlinoise, nous plonge dans l’univers des mouvements terroristes d’extrême gauche impliqués dans la lutte armée et nous dévoile la méthode – le fameux théorème – utilisée par la police ouest-allemande pour tenter de retrouver les activistes. Enfin, il nous offre en prime une superbe playlist new wave – citons Joy Division ou Fehlfarben – dont les textes enragés illustrent parfaitement l’histoire.
Un album remarquable signé Jörg Ulbert (scénario) et Jörg Mailliet (dessin et couleurs) aux éditions Des Ronds dans l’O.
AC.